Arno's Back

Mercredi 6 février 2008

- 19h –
Bon me voilà de retour dans cet appartement… Dans mon appartement. Il nous a fallu environ trois quart d’heure pour rentrer car il y avait deux accidents, apparemment graves vu les gestes du chauffeur pour m’expliquer ce qui se passait : Des allers et retours du pousse sous la tête, comme pour dire « décapitée », en hurlant dans le van ACCIDENT !! Les routes étaient coupées. J’ai cru qu’on ne pourrait jamais rentrer… Mais c’était sans compter sur l’audace du chauffeur : Le policier lui dit que la route est coupée, il lui dit ok, et prend la voie rapide… A contre sens ! On a dû faire 5km à contre sens la nuit tombant et sans phare bien sûr ! On a donc réussi à arriver jusqu’à la résidence sain et sauf… Ouf !
En entrant, c’est le suspense… Attention, qu’est-ce qui marche ? Qu’est-ce qui ne marche pas ? Après un petit tour rapide, voici le bilan : Chauffage d’appoint toujours HS, matelas toujours poussiéreux, tout comme les draps et les oreillers, mais les canapés semblent moins rempli d’acariens, mais si je me demande si ça n’est pas moi qui les ai fait fuir en dormant dessus la nuit dernière… En fait j’ai trouvé la théière utilisé, donc je me demande si à part le sol (qui était plutôt propre), ils n’auraient pas juste bu un thé…
Ah ! Coupure d’électricité… Coooool ! Bon bah la pause s’impose… A tout à l’heure !
Bon, je suis descendu à l’office d’accueil, mais il était fermé. Alors en remontant, je prends mon courage à deux (voire trois) mains, et je sonne à l’appartement mitoyen au mien. Un monsieur m’ouvre, avec son sari sur la tête (genre Maradjah vous voyez ?). Je lui demande s’il parle anglais et il me répond que oui. Je n’ai pas le temps de commencer ma deuxième phrase qu’il me demande d’entrer et de m’assoir dans le canapé. Je m’exécute. Il me donne son nom (que je serais incapable de vous redire), alors à mon tour je fais de même et lui explique que je viens de France, que je travaille à Leroy Somer à Noida pour 5 mois, et que je vais vivre dans l’appartement d’à côté pendant cette durée. Il me dit qu’il travaille pour ?? Et que c’est une entreprise pharmaceutique française. Comme il a l’air d’attendre une réaction, je décide de lui dire : « Ah ok, I see, I see, fine ! ». Je lui explique que j’ai un petit problème d’électricité : j’en ai plus ! Il me dit ni une ni deux en se jetant qu’il va appeler l’électricien, que le courant est effectivement coupé, mais comme mon appartement n’a pas été occupé pendant un certain temps, ils ont dû le couper du groupe de secours. Je retourne attendre dans mon appartement, et cinq minutes plus tard le courant était à nouveau là. Il me donne le numéro que je peux appeler depuis l’interphone pour n’importe quel problème : Electricité, plomberie, etc. Après l’avoir remercier mille fois, il se retire. Problème résolu, une fois de plus : Ouf !
J’ai l’impression que ces lettres dérivent un peu trop vers l’étalage de sinistres élucubrations, une sorte de mise à nue impudique de mes sentiments… Donc il est temps de remédier à ça : Stop les plaintes, stop les pleures, pas de courant ? Ca reviendra. De la poussière ? Je la virerai. Pas de chauffage ? Ca sera réparé demain. Passons à autre chose.
Il faut absolument que j’arrive à prendre une photo demain matin des scooters ou des rickshaws, vous savez les véhicules à trois roues, motorisés ou pas, dans ce genre :


Car en faite la photo ci-dessus est très peu représentative de la plupart des rickshaws circulant… En effet celui-ci ne semble pas être cabossé (exceptionnel !), la peinture semble clean, la capote également, et ils ne sont que 4 dedans. Je dis « que 4 », car ceci n’arrive quasiment jamais, surtout le matin. En allant au boulot à 9h aujourd’hui, je m’amusais à compter combien il y avait de personne dans les rickshaws. Alors, le matin, j’arrive à une moyenne de 12 personnes par rickshaws, et 3 par scooters… Et c’est une moyenne non exagérée. Le record pour le rickshaw ce matin était de 18, et de 5 pour un scooter... Pas mal hein ? Si vous me ne croyez pas, promis je prends une photo dès que possible ! Et le plus drôle, c’est que les scooters n’ont qu’un cale-pied à l’arrière. Je n’avais pas compris lorsque j’étais à l’arrière de celui de Ratan, et je trouvais ça super chiant ! Mais en fait en y regardant de plus près ce matin, je me suis aperçu que les femmes à l’arrière montaient à l’amazone (avec souvent un ou deux enfant dans les bras), d’où la présence d’un seul gros cale-pied à gauche… Et après on vient nous mettre une amende en France parce qu’on n’a pas notre casque ? Je plaisante bien sûr, mais c’est vrai qu’entre la France et l’Inde, l’échelle du danger n’est pas la même.

Je ne sais pas si je me sens près à vous parler de la misère, la vraie, c’est qui entre en vous par un œil et vous fait exploser le cœur et vous rend mal à l’aise, ne serait-ce que parce que vous êtes nés ailleurs. Je ne prolongerai pas le discours trop longtemps à ce sujet, mais il est vrai qu’il faut s’être préparé à voir certaine chose : Les enfants poussiéreux jusqu’à la moelle jouant dans le sable en culotte et tee-shirt au tour d’un feu le soir venu, devant un tas d’ordure leur servant de maison. Ou encore les groupes d’estropiés (lépreux, mutilés, etc.) qui viennent mendier en vous tendant leurs moignons. Heureusement ces derniers ne se trouvent pas partout, seulement dans les quartiers ou un marché qu’un européen ne peut pas visiter seul… Ce que je viens de dire peut paraître offensant (surtout le « heureusement »), mais personnellement je ne pense pas que ce serait vivable moralement de les voir partout. Le plus choquant dans tout ça je pense, c’est que la plupart des indiens ne les voient pas, ou du moins fassent semblant de ne pas les voir. De plus, ici, personne ne se plaint. Toutes les personnes avec qui j’ai pu discuter jusqu’à présent, du plus riche au plus pauvre, ne parlent jamais de leur condition, de la pauvreté, la misère, les maladies (40% des enfants en ce moment avec le froid auraient des rhumes aggravés d’après l’Indian Time que j’ai lu chez Ratan). Et on a vraiment que ce comportement est généralisé, jusqu’au gouvernement, car ici tout est soit en construction, soit dévasté. Les indiens n’entretiennent pas les bâtiments. Les grands groupes construisent des beaux immeubles, les gens y vivent pendant 5 à 10 ans, et au bout de cette période, imaginez l’état d’un immeuble de 15 étages avec plusieurs centaines de gens y résidant… Les gens s’en vont, et l’immeuble reste comme ça, jusqu’au jour où un autre groupe immobilier reconstruit par-dessus. J’ai même vu dans Delhi au milieu de bâtiments miteux une passerelle pour passer au dessus de la route couvertes, avec des petites lumières partout et un escalator de chaque côté ! Et au milieu de tout ça, vous trouvez un temple, resplendissant, où chaque millimètre carré est entretenu à la perfection… C’est le contraste à l’indienne. Et bien voilà, heureusement que je ne devais pas m’étaler ! Je suis un bavard du clavier invétéré, désolé… Bonne journée, moi je vais manger et me coucher.


- 22h -

Bon je reviens vers vous juste deux minutes, le temps de vous dire qu’après un bon repas composé de pâtes et… De pâtes (eh oh ça va j’ai rien dans mon frigo !), je me suis décidé à ranger un peu ma valise et personnifier mon nouveau chez moi… Donc voici quelques photos pour vous montrer mes débuts :

(Ça c'est mes chaussettes gracieusement offert par Virgin Atlantic, c'est mes chaussons!)

Remarque du jour :

Le robinet dans les toilettes, c’est pour les mains…