1er week-end dans l'appart'

Vendredi 9 Février

- 20h00 -

Bon et bien c’est parti pour ce 1^er week-end dans mon grand appartement… Pas le net, mais il devrait être installé mardi, bien que la date repousse de jour en jour… Ceci dit ça a l’air plus ou moins fixé là, donc croisons les doigts, jusqu’à s’en péter les phalanges !

Je viens d’avoir la familia au complet avec les Bob’s, en plein travaux d’agrandissement de la maison… Je sais, j’ai une famille de fou qui passe son temps à agrandir la maison… Faite attention les parent, il ne vous reste plus beaucoup de km² autorisé !! Ca fit du bien d’avoir la France au téléphone le soir, ça aide à garder la patate… Donc merci beaucoup à vous !

Mon collègue Bala m’a promis de m’emmener à Connaught place, lieu touristique de Delhi… J’avais envi d’aller voir ça et de faire un peu mon touriste, pour faire une pause dans ma vie à l’indienne. Il était désolé de ne pas pouvoir m’emmener demain. En fait il vient de l’extrême Sud de l’Inde, à la pointe de celle-ci. Et des gens de son village sont partis depuis 3 jours pour venir le voir en traversant l’inde, soit 3000km. Ils devraient arriver demain soir donc il doit tout préparer pour les recevoir comme il se doit. J’aime bien cet homme, car c’est à peu près le seul (avec mon tuteur) qui se sent à mon égal. Les autres personnes de l’entreprise sont très gentil avec moi, mais un peu trop à mon goût : Les gardes à l’entrée me font un salut militaire lorsque je passe (ça me met mal à l’aise), le serviteur de l’entreprise m’apporte le café le matin en me faisant des courbettes, me prépare mon assiette le midi et ne veut même pas que j’empile mes plats avant de sortir de table, la jeune femme à l’accueil me prépare mon repas en s’étant assuré trois fois que j’ai trouvé ça bon la veille… Quand mes autres collègues me voient, ils me sourient l’air gêné, comme si j’étais quelqu’un d’important. Le chauffeur, comme la plupart des gens, s’adresse à moi en commençant ses phrases par « Excuse me Sir ». Tout ça peut paraître très bien, mais je souhaiterais créer de vraies relations avec les gens, d’égal à égal, sans gêne. Et ce n’est pas avec ces comportements que c’est possible. On verra comment cela évoluera. Toujours est-il qu’avec Bala nous avons beaucoup de conversations très enrichissantes culturellement. Il m’a expliqué qu’il venait de cette région du Sud de l’Inde, et que pour lui la vie n’avait pas été simple. Il a fait une école de mécanique et polytechnique, et il est venu à Delhi pour trouver un travail intéressant. Mais en fait chaque région a son propre langage. La moitié supérieure de l’Inde parle leur dialecte, l’Hindi, et s’ils vont à l’école l’anglais également. Mais lui n’a pas appris l’Hindi, donc il sait le parler aujourd’hui, mais ne sait pas bien le lire. Il a la chance de venir d’une caste élevée, ce qui lui donne certains privilèges, à commencer par l’argent. Un exemple flagrant : Tous les vendredis, nous avons une conférence téléphonique avec la France pour les tenir au courant de l’avancement du travail réalisé ici. Et bien c’est lui qui commence à parler, avant mon tuteur Gupta qui est le chef du bureau d’étude, mais qui vient d’une caste inférieure. Et depuis que je suis là, Bala me fait parler avant Gupta. Même si officiellement les castes ne valent plus rien, l’Inde est un pays qui avance difficilement sur ces points. Au sujet des conférences avec la France, Bala était stressé après car il voulait être sûr que Yannick (le français qui coordonne le BE depuis Orléans) avait apprécié le travail réalisé. Je pense que le fait qu’on parle français ensemble lui fasse croire que l’on pourrait se dire des choses qu’ils n’ont pas à savoir… Mais j’ai tenu à vraiment le rassurer, car il travaille pour quatre ici. Etant chevronné dans sa tâche, il forme les deux nouveaux arrivés depuis peu et ne savant pas faire de dessins industriels, vérifie qu’ils n’ont pas fais d’erreurs avant d’envoyer leur travail à la France, réalise aussi le travail de son 4^e collègue malade en ce moment, et fait son boulot. Donc on peut dire que si le BE tourne bien, c’est grâce à lui. Il vient même parfois le dimanche pour être sûr d’être dans les temps… Un bosseur quoi !

Lorsque l’on est en voiture avec Sudhir (l’homme qui réalise tous mes désirs pour ma vie sur place et qui s’assure que tout roule pour moi) avec le chauffeur, ce dernier met parfois la radio, et une fois par heure un homme raconte des blagues sur les ondes… Mais c’est en hindis ! Alors logique, je ne comprends rien… Mais depuis quelques jours, Sudhir, pour être sûr que je peux rire moi aussi, me raconte les histoires en anglais. Bon je vous avouerai que je ne comprends pas forcément tout, ou du moins ce qui pourrait être drôle ! Mais l’intention est très touchante…

Pour mon enregistrement à l’immigration indienne, il me fallait cinq photos d’identité « officielles ». Il me dit donc ce matin qu’avant d’aller au bureau de police, on passera chez le photographe. Pas de soucis jusque là. On s’arrête donc au bord de la route sur un de ces « market » :

On rentre alors dans une mini boutique, d’environ deux mètres par deux. Là Sudhir lui demande de faire des photos d’identité. Ceci consiste en fait à s’assoir sur un siège pourri, attendre que le mec branche un vieux spot qui te met juste devant la tronche, et qu’il prenne son appareil photo numérique de l’an 2, et qu’il fasse deux photos (car la première était plus que floue !). Il pose ensuite son super appareil sur les petites imprimantes spéciales appareil photo… Et là il fait : Impression en neuf exemplaires. L’imprimante a une première fois sortie les photos… Toutes rouges ! Elle les a ravalées puis elles sont sorties toutes bleues ! Avec Sudhir on était mort de rire ! En faite l’imprimante imprime les couleurs une par une ! Comme les machines de l’an quarante du musée de l’imprimerie d’Epinal (dédicace à polo !). Nous sommes ensuite allés à la police pour faire mon enregistrement… Alors là aussi c’était folklorique ! 2h d’attente face à une femme blasée de la vie qui ne voulait pas nous adresser la parole ou vérifier au moins que nous avions tous les papiers nécessaires… Et quand elle s’est enfin décidé à nous parler, ce fût pour nous dire qu’elle n’acceptait pas les photocopies, et que tous les documents nécessaires devaient être en cinq exemplaires… Donc c’était parti pour la recopie bête et méchante ! Ensuite une fois cela terminé, elle discutait avec ses collègues donc on attendait. Quand elle est revenu vers nous, son téléphone a sonné et elle a eu sans déconner trois coup de fil d’un quart chacun… Je commençais à perdre patience, mais je me suis dit que c’était simplement l’administration indienne, et que ce n’est pas moi qui ferait accélérer les choses ! Voici quelques photos de ce grand et majestueux poste central de police :

En début de semaine prochaine, je vais à aller à l’ambassade de France pour tenter de rallonger mon visa d’une semaine (car il se termine une semaine avant mon retour en France), je vais en profiter pour voir s’il n’y a pas des rassemblements de Français vivant à Delhi certains jours pour faire de nouvelles connaissances et connaître les bons plans. Affaire à suivre…

Samedi 10 février

- 19h –

Aujourd’hui, ce fût… MENAGE ! Premier jour de libre dans l’appartement, j’en ai donc profité pour me sentir vraiment à mon aise, c'est-à-dire… En nettoyant bien sûr ! Nooon je ne suis pas maniaque du tout, mais sincèrement ça méritait un petit coup de neuf ! J’ai donc fait trois lessives pour laver mes fringues et les draps, fait les poussières dans la chambre, la salle à manger-salon et dans la cuisine (les pièces où je vis), et aéré le tout sur la terrasse. Ca fait du bien de sentir la lessive sur les draps. Comme il faisait trop beau et chaud, j’en ai profité pour me poser sur la terrasse avec un café à lire tranquillement. Journée tranquille à l’air, ça fait du bien ! Par contre il faut juste éviter de se pencher pour voir les voisins d’en face, qui jouent dans la terre autour d’un feu le soir venu pour se réchauffer, car c’est à vous faire rougir de honte d’être sur cette terrasse… Mais en Inde, on se doit de vivre avec ça, sinon on ne vit pas…

Hier soir, j’ai eu trois coupures de courant, et à la dernière, une demi-heure et quatre bougies plus tard, j’étais toujours dans le noir… ! J’ai donc décidé d’appeler l’électricien avec l’interphone… Mais ce dernier ne parle quasiment pas anglais, et le comprend encore moins ! Après cinq bonnes minutes à tenter de lui donner mon numéro d’appartement, il me dit ok mais il a l’air de ne pas avoir compris… Je vais donc cogner chez mon voisin, une famille indienne très serviable (comme tous ici !). Je lui explique que j’ai appelé l’électricien, mais qu’il ne parlait que très peu anglais, et qu’il n’a sans doute pas compris ce que je lui disais. Mon voisin le rappelle, mais il ne répond pas… Et pour cause : Il arrive au même moment sur le palier. C’est alors qu’à commençait une discussion à trois : L’électricien, moi, et mon voisin comme interprète. L’électricien m’explique que le relais de l’appartement est sûrement mort, vu le nombre de coupures… Il me dit que pour ce soir il va me brancher sur un autre appartement, et que demain il ira en acheter un nouveau. Au départ je trouvais que ça sentait un peu l’arnaque, mais mon voisin habite ici depuis longtemps et m’a rassuré en me disant qu’il ferait son travail et qu’il n’y aurait pas de soucis. Je lui ai donc donné 500 Roupies (ce qu’il me demandait pour acheter le relais). Il est revenu 10 minutes plus tard pour s’assurer que ça marche, avec un gros morceau de câble dans les mains : En gros il a juste dû placer un gros bout de câble entre mon disjoncteur et celui d’un autre ! Ca me rappelle mon père en camping dans les Pyrénées qui en avait marre que les fusibles sautent dès qu’il branchait son barbecue, et qui avait fini par remplacer le fusible par un gros fil de fer… Ce soir, j’ai eu une mini coupure et c’est revenu donc je pense qu’il a réparé tout ça… Ca fait plaisir car ça coupait je ne sais combien de fois par jour, et lorsque c‘était en journée, mon frigo était éteint jusqu’à ce que je revienne ! Mais maintenant, ça devrait être bon… De même pour la télé et le net, tout ça devrait être installé mardi… Ca rendra l’appart moins silencieux, même si maintenant je m’y suis fait.

Bon ça n’est pas tout, mais je vais aller me faire à manger, alors bonne matinée, soirée ou après-midi vous tous à l’autre bout du monde… C’est un truc de fou de pouvoir vous dire ça : A l’autre bout du monde… Je n’avais pas bien réalisé que, pour vous qui résidez en France, je me trouve à 7000km de vous, à un bon tiers du tour de la Terre… Je n’arrive pas à réaliser encore… Ca viendra peut être… Bref ! Comme dirait George : « What else ? ».

Lundi 11 février

- 9h –

Je viens d’arriver au travail, et aujourd’hui je vais commencer à bosser…! Je tenais juste à vous raconter une anecdote qui m’ait arrivée hier soir. A 21h, l’électricien est repassé pour savoir si tout marchait bien. Je lui dis qu’l n’y a aucun problème, mis à part quelques prises qui ne fonctionnent pas. Il les regarde, arrive à en réparer une et me dit que pur les trois autres elles sont mortes... Je verrais ça avec Sudhir demain. Il me demande alors quelque chose en anglais, mais je ne comprends que le mot « coffee ». Il veut un café. Je me dis je peux bien lui offrir ça il vient de tout réparer chez moi ! Et pendant que je lui prépare son café, monsieur commence à faire l’inspection : Il regarde le Micro-onde, ouvre et mon frigo, et tombe sur les poivrons que j’avais acheté. Il me demande l’air tout étonné ce que c’est, si c’est des tomates ou pas. Je lui réponds que non c’est un « poivron » en français, un légume. Il regarde ensuite mes kiwis avec le même regard, et me demande encore ce que c’est… Je lui dis que ce sont des kiwis, et je me dis qu’il ne doit jamais cuisiner !! Car ici il y a des poivrons dans beaucoup de plats. Il retourne dans la salle à manger, où j’étais en train de repasser (avant qu’il n’arrive) devant un film sur mon pc. Je vois qu’il scotche vraiment devant mon portable : Je lui explique que c’est un ordinateur, et que je regarde un film, et j’appuis sur mon touch-pad pour le relancer. Alors il devient tout fou. Le café étant prêt, je remets pause. Mais ayant vu comment il fallait faire, il reclique pour mette play… Je lui dis que le café est prêt, et il le prends et retourne devant le pc… Alors je lui dis de s’assoir sur le canapé et je lui tourne l’écran… Il me demande si j’ai dîné. Je me dis que je veux bien être gentil mais il y a des limites, surtout qu’il ne parle pas du tout, il regarde seulement l’épisode Desperate Housewives sans rien comprendre… Alors je lui réponds que j’ai déjà mangé (bouh le menteur !). Heureusement c’était la fin de l’épisode. Je me dis qu’il va donc partir, mais il me regarde et sort : « other movies ? ». Je lui réponds : « No sorry, only one movie in the computer… ». Il s’est donc levé, m’a remercié, j’en ai fais de même, et il est parti… J’étais mort de rire quand il est parti ! Encore il aurait discuté un peu, on aurait pu manger ensemble, mais je ne me voyais pas passé toute une soirée avec un inconnu qui n’aurait fait que regarder la tv ! Enfin voilà c’était l’anecdote du dimanche, bien rigolo !

Remarque du jour :

« La rubrique des chiens écrasés prend tout son sens ici… »